mardi 24 janvier 2017

Neruda de Pablo Larraín

Neruda de Pablo Larrain
Avec Luis Gnecco, Gael García Bernal, Mercedes Morán
Chilien, Argentin, Français, Espagnol - Date de Sortie 04/01/2017


Synopsis

1948, la Guerre Froide s’est propagée jusqu’au Chili. Au Congrès, le sénateur Pablo Neruda critique ouvertement le gouvernement. Le président Videla demande alors sa destitution et confie au redoutable inspecteur Óscar Peluchonneau le soin de procéder à l’arrestation du poète.  Neruda et son épouse, la peintre Delia del Carril, échouent à quitter le pays et sont alors dans l’obligation de se cacher. Il joue avec l’inspecteur, laisse volontairement des indices pour rendre cette traque encore plus dangereuse et plus intime. Dans ce jeu du chat et de la souris, Neruda voit l’occasion de se réinventer et de devenir à la fois un symbole pour la liberté et une légende littéraire 


Mon avis

Ce faux biopic de Neruda s’amuse à mélanger les genres avec truculence et ironie, mais aussi une certaine noirceur et pas mal d’audaces scénaristiques et cinématographiques. L’imagination et la fantaisie se confondent également avec la réalité, le tout reposant sur le ressort narratif qu’offre la relation entre deux personnages que tout oppose, mais qui composent à leur manière les deux revers de la même médaille. 

D’un côté, il y a Pablo Neruda, un homme assez mégalomaniaque et dont la préoccupation principale semble être la construction de sa propre légende de son vivant. Bref, une personnalité qui se rapproche de la figure de d’ogre, pas forcément bienveillante ni très sympathique, mais qui attire tous les regards. De l’autre, nous avons le « redoutable » (et ridicule) inspecteur Óscar Peluchonneau, un personnage sans beaucoup de relief, sans passé mais qui parvient à inventer sa propre généalogie pour se rassurer. Un homme qui n’existe qu’à travers sa quête obsessionnelle, mise au service du pouvoir en place. Un homme drôle et pathétique à la fois et qui aurait pu manquer d’épaisseur s’il n’était pas interprété par l’excellent Gael García Bernal, qui nous offre une composition d’une justesse impressionnante et totalement au diapason de son personnage. Il faut dire, un seul regard de Gael García Bernal suffit pour lui donner une certaine ampleur, qui ne cessera de s’étendre dans la dernière partie du film. Une dernière partie très étonnante puisque que le film se termine sur une sorte de western crépusculaire qu’on n’attendait pas mais qui finit par véritablement emporter le morceau, de par l’émotion qu’elle suscite. 

Ce film est finalement un bel hommage à la création en général, et à la littérature en particulier, avec ces mises en abyme et ces différents jeux de miroir.



12 commentaires:

  1. Hello Sentinelle.

    "No", du même Pablo Larrain, avec le même Gael Garcia Bernal, est le seul film que j'ai vu du réalisateur. Je ne suis pas sûr d'avoir le temps d'avoir le temps d'aller voir celui-là, mais ta chronique m'intrigue. Je vais l'ajouter de ce pas à la liste de mes "films à voir un jour" !

    Bonne soirée !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour Martin,

      J'ai vraiment bien aimé ce film, la seule chose que j'aurais pu lui reprocher est de parfois flirter avec l'exercice de style. Mais la dernière partie a fini par me toucher, grâce au personnage et à l'interprétation de Gael García Bernal. Mais tous les acteurs sont bons, sans oublier l'actrice Mercedes Morán, vraiment excellente également. Puis j'ai apprécié cette lecture à plusieurs niveaux, et le fait qu'il déboulonne pas mal Neruda est très bien : nous sommes loin de l'hagiographie et c'est tant mieux !

      Je te souhaite une excellente journée Martin :)

      Supprimer
  2. "No" est un film génial. Larrain a également réalisé "Santiago post-mortem" et "El Club", deux films particulièrement plombants dans leur façon d'exposer crûment certains aspects peu reluisants de la société chilienne. Et pour preuve de son talent, "Neruda" sort à peine chez nous qu'arrive déjà son autre biopic tourné dans la foulée, "Jackie", qui est précédé d'une belle réputation.

    E.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. "Santiago post-mortem", je ne le connais pas. "El Club", j'en avais entendu parler, j'ai hésité de le voir mais après la lecture de quelques critiques, je me suis dit (à tort ou à raison) qu'il n'était pas pour moi (trop plombant et trop violent). Pour "No", c'est encore autre chose : j'avais envie de le voir (je suis très fan de Gael García Bernal depuis que je l'ai vu au cinéma dans Amours chiennes réalisé par Alejandro González Iñárritu) mais j'ai trouvé ce film très bavard... et je n'aime pas les films très bavards. Je l'ai très certainement laissé tomber trop vite mais toutes ces paroles, ce ne devait pas être mon jour pour essayer de faire avec ;-)

      Pour Neruda, je m'y suis très bien retrouvée, et je te le conseille bien volontiers. Et je verrai probablement Jackie à sa sortie, en tout cas la bande-annonce m'a donnée envie de le voir !

      Supprimer
  3. Je le présente en ciné-débat lundi 6 février. Grosse surprise, je pense, pour ceux qui se souviendront du Facteur de Michael Radford. Je reviendrai.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bien volontiers eeguab ! J'espère qu'il recevra tout de même un bon accueil. Ah oui, je confirme, nous sommes très loin de Neruda joué par Philippe Noiret :D

      Supprimer
  4. Ce film m'intéressait (parce que Pablo, parce que Neruda, parce que Gael), mais j'ai été dépassée par les événements ! Je compte le rattraper dans l'année !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Essaye de le rattraper Tina, car je crois que tu l'apprécieras autant que je l'ai apprécié. Et puis Gael...

      Supprimer
  5. Bonjour Sentinelle, j'ai beaucoup apprécié ce film tant sur la forme que le sujet. Les deux comédiens principaux sont formidables. Bonne journée.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour Dasola, je me souviens bien d'avoir lu ton billet à ce propos. Les deux comédiens principaux sont vraiment formidables, un film à voir donc. Je te souhaite également une excellente journée.

      Supprimer
  6. Interprétation de haut vol pour un Biopic habile qui contourne toutes les attentes du genre. Etrange effet miroir que de voir consécutivement "Jackie" et "Neruda", deux reflets (brisés en morceaux) d'Histoire qui aspirent à entrer dans la légende. La poésie du premier (qui laisse place à la solennité dans le second) laisse un champ libre plus large encore pour détourner le sujet vers une personnalité plutôt inattendue. Si le Nobel ira Neruda, l'Oscar va pour moi sans conteste à Peluchonneau.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Tout à fait d'accord avec toi, il y a réellement un fil conducteur entre les deux films, c'est vraiment très intéressant de les voir dans un court de temps pour mieux les comparer et les rapprocher. J'en fait mention dans mon billet sur Jackie. Contente que ce film t'ait plu également :)

      Supprimer