lundi 9 février 2015

Continents à la dérive de Russell Banks

Quatrième de couverture

Un réparateur de chaudières dans une petite ville du New Hampshire abandonne son quotidien misérable et part pour la Floride avec sa famille, attiré par un nouvel avatar du rêve américain. A plusieurs milliers de kilomètres de là, une jeune Haïtienne fuit la violence et la pauvreté de son pays natal pour rejoindre l'Amérique... de ses rêves. Les deux destins finiront par se croiser dans cet ample roman sur l'errance et l'injustice dont Marc Chénetier (le traducteur) dit que " l'histoire y est, d'entrée, vue de très haut, à l'aune des temps géologiques et des mouvements climatiques ". 

Continents à la dérive est le cinquième roman de Russell Banks, écrit en 1985. Il se trouve que c’est également le cinquième roman que je lis de cet auteur. Je ne suis guère étonnée que ce romancier, réputé pour ses points de vue politique et social, se soit attaqué à l’un des mythes fondateurs des Etats-Unis, à savoir pays terre d’accueil, de rédemption et d’accession au rêve américain.

Son intention de se mettre du côté des plus démunis pour détricoter les idéaux d’une société, qui resteront pour la plupart totalement inaccessibles, est certes louable et appréciable. Sauf qu’il sacrifie ses personnages au profit d’une démonstration implacable et d’un didactisme qui a fini par me lasser.

Appréciation en demi-teinte donc, qui ne remet certainement pas en cause le talent de l’auteur mais qui, à force de vouloir démonter une à une les promesses non tenues de l’American way of life, est arrivé à complètement étouffer ses personnages, qui me semblaient devenir de simples marionnettes dont il tirait les fils pour illustrer sa thèse. Disons que j’ai préféré de loin ses romans « American Darling » ou encore « Lointain souvenir de la peau », qui donnaient plus d’épaisseurs aux protagonistes et conféraient plus de nuances au propos, sans pour autant perdre de sa pertinence.

Russell Banks a visiblement évolué dans son processus d’écriture et n’a pas fini de remettre en cause son Amérique en mettant en scène les désillusions qu’elle génère, et c’est finalement cela que je retiendrai de cette lecture.

Note : 3/5


Les autres romans lus de l’auteur :

* Pourfendeur de nuages (1998) ***½
* American Darling (2005 pour la traduction française) *****
* La Réserve (2008) ***
* Lointain souvenir de la peau (2012 pour la traduction française) *****

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