vendredi 28 février 2014

Schroder de Amity Gaige

A la demande de son avocat et à quelques semaines de son procès, Erik Schroder, père d’une petite fille appelée Meadow, prend la plume pour tenter d’expliquer à son ex-femme comment il en est venu à enlever leur fille. Un road-trip qui frôle l’inconscience pour voler quelques jours de bonheur auprès de son enfant. Parce qu’il refuse de se séparer de sa fille, parce qu’elle constitue sa seule raison de vivre.

Troisième roman d’Amity Gaige mais première traduction en français, cette histoire est inspirée de celle de Clark « Rockefeller », un imposteur de 48 ans d’origine allemande, jugé pour usurpation d'identité et enlèvement de sa fille après un divorce difficile.

Si ce roman traite avec sensibilité de la parentalité et des conséquences de la séparation du couple, à savoir l’éclatement de la cellule familiale et les enjeux de la garde des enfants en cas de divorce, Amity Gaige s’interroge surtout sur l’ambigüité de cet homme, Erik Schroder, qui s’est dissimulé durant des années sous une fausse identité.

Que cache cet homme qui a pris le nom de Kennedy depuis ses 14 ans, falsifiant pour la première fois son identité lors d’une inscription à un camp d’été ?

Un roman sur les non-dits, les apparences, les silences, la mémoire censurée et l’incommunicabilité. Sur les difficultés d’intégration et le sentiment d’exclusion d’un jeune garçon qui a fui l’Allemagne de l’Est avec son père et qui s’est toujours senti humilié, étranger et rejeté. Perdre son accent, effacer toute trace de son passé, être plus américain qu’un américain en portant fièrement le nom emblématique de Kennedy, véritable sésame pour la nouvelle vie qui s’offre à lui.

L’identité clivée, la fuite de soi et autres falsifications. Sommes-nous capables d’aimer véritablement lorsqu’on vit dans le mensonge depuis plus de trente ans ? Pouvons-nous trouver à ce père des circonstances atténuantes ? Pourrions-nous le pardonner ? Je crois que chaque lecteur apportera sa réponse. Un roman qui se lit d’une traite.

Merci à Babelio et aux Éditions Belfond pour m'avoir permis de découvrir ce roman qui paraîtra en mars 2014. 

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