lundi 4 janvier 2010

Titus errant de Mervyn Peake

« Titus errant » est le troisième volet de la trilogie de Gormenghast.

Titus, le soixante-dix-septième comte d’Enfer, a aujourd'hui grandi. Ivre de liberté, de changements et d’aventures, il n’en peut plus des rites immuables et codifiés aux origines depuis longtemps perdues de Gormenghast, forteresse immuable et monde clos étouffant pour un jeune homme en quête d’identité.

Véritable voyage initiatique, ce troisième volet se distingue des deux premiers par la forme et le contenu.

Par la forme d’abord : « Titus errant » est composée avant tout de notes éparses de l’auteur, et certaines critiques n’ont pas hésité à faire le lien entre celles-ci et les premières manifestations de la maladie de Parkison dont sera atteint l’auteur.

Par le contenu ensuite, dans la mesure où nous quittons les murailles et les dimensions démentielles du château de Gormenghast pour suivre les pas du jeune Titus errant. Si Gormenghast reste toutefois en filigrane, de par sa présence constante dans la mémoire du jeune héros, on ne peut qu’être orphelin de ses entrailles ainsi que de ses habitants, personnages auxquels nous nous étions attachés lors des deux premiers volets.

Il va sans dire que cette diversité dans la forme et le contenu rendent ce troisième volet de la trilogie moins attrayant que les deux autres. Le sujet n’en est pas pour autant insignifiant : angoisse de l’exil, nécessité de revenir à ses racines - véritable socle de son identité - même si ce n’est que pour mieux reprendre le chemin de l’aventure, Titus se rend compte qu’il ne pourra jamais faire table rase de son passé mais doit au contraire parvenir à porter Gormenghast en lui s’il veut un jour s’en éloigner définitivement.

Ainsi se clôture une fabuleuse trilogie (plus de 1330 pages en tout) aussi fantasmagorique que baroque et imaginative, un univers singulier qui confère au sublime de l’imaginaire. Avez-vous faim de folie, de mélancolie, de rire, de finesse, de barbarie mais surtout de créativité et d'inventivité ? Alors cette trilogie vous attend de pied ferme ! Je ne peux, quant à moi, que vous souhaiter un excellent voyage dans les contrées extraordinaires de Mervyn Peake, tachez toutefois de ne pas vous perdre dans les méandres de Gormenghast.

Mervyn Peake (décédé en 1968) est un auteur culte en Angleterre où ses rééditions en livre de poche ne se comptent plus. Il n’en demeure pas moins un auteur inclassable : ses romans n’appartenant ni au genre fantastique ni au genre gothique (la Fantasy ne répondant pas mieux à sa définition), l’auteur a su créé un univers unique en son genre, dans lequel la tragédie et l’effroi se disputent à l’humour et au burlesque, un genre tragi/comique dans lequel excellent bon nombre d’auteurs anglais prestigieux, Mervyn Peake en faisant indubitablement partie. 

La trilogie de Gormenghast de Mervyn Peake au complet :

Tome 1 : Titus d'Enfer, Editions Phébus Libretto, 502 pages
Tome 2 : Gormenghast, Editions Phébus Libretto,552 pages.
Tome 3 : Titus errant, Editions Phébus Libretto, 281 pages

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